Chaque année, l'épidémie de grippe réapparait dans les foyers et sur le devant de la scène, toujours accompagnée de l'éternelle question du vaccin censé l'endiguer, et du débat sur son utilité réelle.
Contrairement aux vaccins contre la varicelle ou la rougeole, qui ne sont nécessaires qu'une ou deux fois, le vaccin contre la grippe doit faire l'objet d'un rappel annuel à mesure que différentes souches du virus évoluent.
Selon deux études publiées séparément cette semaine dans les revues américaines "Nature" et "Science", le vaccin que nous connaissons aujourd'hui devenir obsolète dans un futur proche, et laisser place à un vaccin permanent, qui ne devra être injecté qu'une seule fois dans une vie.
Pour tenter de faire évoluer ce vaccin, des scientifiques du Centre de Recherches en vaccination à l'Institut National américain d'allergologie et des maladies infectieuses, ainsi que des chercheurs des instituts Johnson & Johnson et Scripps, ont respectivement identifié deux vaccins prometteurs qui pourraient marquer les premiers pas du vaccin universel et permanent contre la grippe.
Les deux vaccins en question ciblent la souche d'une protéine appelée Hémagglutinine (HA), présente à la surface du virus de la grippe.
La majorité des vaccins se concentrent sur la tête de cette protéine, qui entre très souvent mutation et nécessite plusieurs vaccins pour combattre ses différentes formes d'évolution. Cette mutation explique le fait que les patients doivent renouveler chaque année le vaccin.
La souche de cette protéine, de manière paradoxale, ne subit pas une mutation si importante. Ainsi, en se concentrant sur la souche et non sur la tête de cette cellule, les scientifiques pensent pouvoir poser les bases d'un vaccin permanent et, dans un second temps, permettre sa démocratisation. Le vaccin présenté dans l'étude publiée par le journal Nature se base sur des nanoparticules de grippe porcine pour s'introduire dans la souche de cette protéine, informant ainsi le système immunitaire que le virus se trouve dans l'organisme.
De cette manière, le système immunitaire pouvait apporter une riposte efficace avant que l'animal ne soit infecté. Toutes les souris immunisées pour les besoins de cette étude ont survécu après avoir reçu le virus de la grippe aviaire, qui est généralement synonyme de mort rapide chez les animaux. Plus de 60% des furets immunisés ont survécu après avoir été infectés par la même souche de grippe aviaire, ce qui, dans ce cas précis, atteste de l'efficacité partielle du vaccin.
Le second vaccin, développé par l'institut pharmaceutique Johnson & Johnson's, est une molécule qui a pour fonction de prévenir le système immunitaire de l'organisme, afin de combattre la grippe porcine, mais aussi la grippe aviaire. Aussi testé sur des souris, ce vaccin semble avoir prouvé son efficacité. Cependant, celui-ci n'a pas fonctionné avec la même efficacité sur des singes, même si les animaux infectés présentaient des symptômes moins graves que les souris.
Consultés par le site Genetic Expert News Source, des scientifiques n'ayant aucunement participé à ces deux études se disent très intéressés et attentifs au potentiel de ces vaccins, mais aimeraient voir menés d'autres travaux avant de laisser libre court à leur optimisme.
La création d'un vaccin éternel contre la grippe reste à ce jour une tâche délicate, notamment à cause de l'évolution des cellules souches de la grippe d'une année à l'autre, en mutation constante.
Au regard de l'efficacité de ce nouveau vaccin qui parvient à atteindre la souche de la protéine HA responsable du virus, et non juste la tête de celle-ci, ces deux études constituent une avancée très satisfaisante dans la direction souhaitée par les chercheurs.
Si ce nouveau vaccin est efficace pour combattre une ou plusieurs souches de grippe, il devrait alors être capable d'en combattre de nombreuses autres, et, à terme, permettre l'élaboration d'un vaccin universel et permanent qui ne devra plus être renouvelé chaque année.
Selon le quotidien britannique The Guardian, ce type de vaccin ne sera pas expérimenté sur des êtres humains avant au moins trois ans. Mais avant que ces tests ne commencent à être réalisés, rien ne permettra de garantir avec certitude que ces vaccins seront aussi efficaces sur l'homme.
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Source : atlantico.fr - le 26/08/2015